lundi 25 février 2008

Café Géo

Un rendez-vous ce jeudi 28 février 2008

A 18 h 00, au café O'Kallagan, place du Général de Gaulle, ce sera l'heure du café Géo.
Dans le cadre de la parution du livre publié au éditions l'Harmattan sous la direction de Yves Guermond (UMR MTG), la soirée sera consacrée au thème :

"Rouen, métropole oubliée ?"

Comme d'habitude en ces circonstances, on ne sait pas trop à l'avance qui sera là mais il pourrait bien que le beau monde soit de sortie. En cette période électorale, le sujet peut passionner.
A en voir les messages postés sur leurs blogs respectifs par Laure Leforestier et Valérie Fourneyron.

Espérons que quelques auteurs de l'ouvrage soient aussi présents et que la politique laissera la place à la géographie ... même si elle s'occupe de politique !!!
Et le paysage sera certainement présent, ne serait-ce que par l'emblématique Pont Flaubert que certains verraient bien comme l'icône urbaine de Rouen qui s'offre au monde entier.

jeudi 21 février 2008

Expo Musée d'Histoire Naturelle de Lille

L'histoire de paysages ne commence pas avec la naissance de la notion de paysage dans l'histoire humaine. Le paysage est plus ancien que les mots pour le dire... et pourtant c'est le même paysage qui évolue vers aujourd'hui et nous permet d'y vivre.

L'exposition "Pays'âges", au Musée d'Histoire Naturelle de Lille célèbre le centenaire de ses collections houillères, héritées du Musée Industriel. Comme le dit le numéro de décembre dernier de la revue Lille Magazine, l'expo nous rappelle "que nous sommes tous acteurs du paysage de demain" en vivant sur les paysages du passé.

Des paysages du Carbonifère, à la vision actuelle du bassin minier, en passant par les représentations de la région lilloise au XIXe siècle, c'est la relation entre l'homme et son environnement qui est construite à travers le temps long.
L'exploitation minière n'est que le résultat du paysage datant de 300 millions d'années. Les terres du charbons sont vues au moment de leur formation, puis de leur exploitation, et enfin depuis l'abandon des puits. Et l'avenir ...





Exposition Pays'âges au Musée d'Histoire Naturelle de Lille - Ma-Tvideo France3
Exposition Pays'âges au Musée d'Histoire Naturelle de Lille - Ma-Tvideo France3

Exposition Pays'âges au Musée d'Histoire Naturelle de Lille - Ma-Tvideo France3
Présentation de l'Exposition Pays'âges au Musée d'Histoire Naturelle de Lille, se déroulant du 16 décembre 2007 au 03 aout 2008.

Cette présentation de la forêt où est né le charbon a été labellisée d'Intérêt National par le Ministère de la Culture et de la Communication.

Des arbres et libellules géantes aux énergies de substitution en développement, le voyage se déroule sur 1.000 m2 et pour un investissement de près d'1 M € en financements multiples. La présentation est agréable avec une scénographie d'Audrey Tenaillon à la hauteur du projet et très en relation avec les séquences évoquées (couleurs, lumières) même si on pouvait souhaiter une immersion encore plus réaliste. La conservatrice du Musée, Sophie Beckary, cherche à promouvoir cette institution vers de nouvelles vocations. Et elle ne semble pas manquer d'idée.
La cerise sur le gâteau : l'ouverture d'une cafétéria équitable et des produits dérivés spécifiques à l'exposition en cours.

Courez voir "Pays'âges".

L'expo est visible jusqu'au 3 août 2008, l'entrée vous coutera 5 € (2 ou 3 € en tarif réduit).
Pour les plus rusés, allez-y le mercredi après 18 h 00, c'est nocturne et le prix n'est que de 1 €.
Un catalogue est édité : 10 €
Informations :
03-28-55-30-80

mardi 19 février 2008

CDC : Caisse des Dépôts et Conservation ??!!!

Mon titre pourrait vous induire en erreur. Non, la CDC ne change pas de nom.
La célèbre CDC (Caisse des Dépôts et Consignation) devient un organisme à comportement équitable. Du moins, ce que sa direction avance.
Déjà, en fin 2007, la Caisse avait édité une petite feuille annonçant la prise en compte de la compensation carbone de son fonctionnement, comme elle l'a déjà fait en 2006. Un équivalent de 30 000 tonnes de GES a été pris en compte. Pour la période 2006-2012, la CDC s'est engagé à la neutralité carbone, autant pour le fonctionnement de l'établissement public que pour ses filiales. Elle va réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 3% par an.
Le financement mis en place pour cette compensation est orienté l'aide à des projets de petite énergie hydroélectrique, éolienne ou de capture de méthane. Cette somme est de 3 M€.

Et aujourd'hui, la CDC devait annoncer une seconde étape, importante en matière de paysage.
Le programme est lancé par la création d'une nouvelle filiale "CDC Biodiversité", a vocation limitée : "conduire des actions de restauration, de gestion, de valorisation et de compensation de la biodiversité."

Important en matière de paysage, car c'est la CDC qui aide au financement de nombre de grands projets d'aménagement du territoire. Les autoroutes sont souvent dans le collimateur pour les destructions ou dégradation paysagères induites. ASF (Autoroutes du Sud de la France) a déjà signé un accord pour une nouvelle voie près de Bayonne (prolongement A63).
Un dossier complet, avec le communiqué d'annonce, a été mis en ligne sur le site de la CDC :
http://www.caissedesdepots.fr/spip.php?article952
et la dite filiale a déjà été pourvu d'un site propre :
http://www.cdc-biodiversite.fr/

Tout cela présage de bonne chose... mais !
Il est difficile d'avoir confiance envers une structure au fonctionnement aussi complexe que la CDC. La preuve, la direction de CDC-Biodiversité est donnée à une autre structure, la Société Forestière, autre filiale de CDC. !!!

En faisant cette annonce aujourd'hui, Augustin de Romanet, le président de la CDC a décidé de surfer sur l'effet (?) Grenelle de l'Environnement. Car les problèmes ne vont pas tarder à apparaitre, comme le signale Laurence Caramel dans son article du Monde
Défiance chez France Nature Environnement, inquiétude au WWF, et les scientifiques seront certainement très partagés sur les options prises.
En effet, le principe retenu semble celui de la compensation, c'est-à-dire un nouveau droit à faire quelque chose de néfaste si on le compense par quelque chose de positif. Un nouveau droit à détruire en quelque sorte.
Et cela, même si un solide comité scientifique est mis en place : Luc Abbadie (biochimiste et directeur adjoint du Département Environnement et Développement Durable du CNRS), Robert Barbault (écologue au MNHN), Jean-François Dobremez (spécialiste des éco-systèmes de montagne), Jean-Claude Lefeuvre (écologue et président de l'Institut Français de la Biodiversité) et Jacques Weber (Directeur du même IFB). Toute la connaissance de notre environnement serait-il au main de la seule discipline "écologie" ?
Sans vouloir faire de guerre de chapelle, tout ça sent un peu la pensée unique d'une certaine écologie... mais j'y reviendrais certainement.

Passons par l'exemple :
Imaginons, la CDC décide de financer la construction du contournement de Rouen par l'Est et de tout faire pour favoriser le passage au moins coût, y compris en menaçant des zones sensibles et des paysages remarquables... mais en contrepartie, la CDC finance un programme de requalification d'espaces naturels dans un autre secteur de la région normande et de protection d'une espèce locale. Est-ce vraiment faire preuve de prise en compte des contraintes locales en matière d'environnement et de paysage, ou bien, n'est-ce pas plutôt une façon d'éluder le problème ?

Prenons un autre exemple chaud du moment. Le prolongement du Grand Canal du Havre pourrait être financé de la sorte, avec perte de surface en roselières et prairies humides, mais en favorisant l'implantation du butor étoilé ailleurs que dans la basse Seine !!! On rêve.

Attendons un peu pour voir comment cela va fonctionner. Car si l'outil est bien utilisé, ce peut être réellement une chance de limiter les projets car si le prix de la compensation pourrait être exorbitant. Mais justement, la question est : combien ça vaut "un butor étoilé"... combien ça vaut " une perspective sur l'abbaye de Saint Wandrille, ... combien ça coute "une zone humide" ???

Quelques questions qui sont justement au cœur des programmes en cours d'élaboration au sein du GIP Seine-Aval. Quelques travaux ont déjà effleuré ces sujets comme la thèse de D. Laroutis. Les économistes devront nous dire comment estimer le cout d'un site naturel, paysager, ou autre, en fonction des aménités et diverses modalités d'usage.

Et il faut également craindre que le choix fait par la CDC ne s'étende à d'autres financeurs qui cherchent une façon simple de se dédouaner de quelques projets délicats en faisant usage de mesures dites compensatoires. C'est quelque chose qui existe déjà mais pourrait devenir un véritable système menaçant le principe de la négociation autour d'un projet. Vraiment, une histoire à suivre au fil des années et des opérations d'aménagement.

lundi 18 février 2008

Bonnes et mauvaises

Sortons un peu du paysage.

Une bonne et une mauvaise nouvelle pour cette journée.

La mauvaise est la sortie de scène d'Alain Robbe-Grillet. J'avais aimé plusieurs de ses livres, et je suis certain que nombreux parmi vous sont ceux qui trouvent cet auteur tout à fait zarbi. Son dernier opus, érotique, n'est pas un chef-d'oeuvre, mais l'homme laisse une pensée sur la littérature, un véritable patrimoine pour l'écriture. Lire le mot de Pierre Assouline à ce propos.
Et nous ne sommes pas si loin du paysage. Retournez à ses livres et reprenez l'une ou l'autre description. Les mots de Robbe-Grillet savaient vous faire retourner à votre paysage intérieur.


La bonne nouvelle, c'est la sortie de l'album (le premier et pas le dernier) de FM avec sa New Popular Music.
A découvrir à tout prix, par exemple sur son MySpace. Ne dites pas :"je connais pas", vous avez surement déjà entendu "certain people". Des mélodie suaves, un ton tendre, romantique, une musique accrocheuse avec des sonorités de musique de chambre colorée de rock. C'est la pop-cool attitude.
Découvrez donc le reste de l'album "A dream or two", en vente depuis ce matin, avezc entre autres jolies choses, une reprise de "Heart of glass" de Blondie qui vaut le détour.
Et, en plus, FM a des attaches sur le plateau Est de Rouen.

Là encore, il y a un véritable paysage ... sonore et poétique.

jeudi 14 février 2008

Friches touristiques

Les informations télévisées évoquent parfois de véritables problèmes paysagers sans même sans rendre compte. Ce soir, France 3 National évoquait les nouveaux soucis qui se dressent pour l'avenir des stations de ski créées durant le dernier demi-siècle, parfois à base altitude.
C'est le cas d'Abondance, petit village alpin où la commune a investi dans de couteuses infrastructures de loisir (ouvertures de pistes, téléski ,télécabine, voiries, commerces ...) entre 1000 et 1700 m.
Mais aujourd'hui, les modifications climatiques jouent un bien mauvais tour (et dire qu'il y en a encore qui croient que le réchauffement, c'est pour plus tard !!!). La neige n'arrive plus assez tôt, ni en assez grande abondance sur les pistes d'Abondance (sic!).
Le maire a pris la décision d'arrêter l'exploitation de la station de sports d'hiver. Quelques structures vont continuer sur leur lancée tant que les tourismes viennent encore. Mais l'Office du Tourisme cherche un repreneur/financeur privé (constructeur de canon à neige !).
Je suis donc aller sur le site de la station et j'ai constaté sur le bulletin météo que les pistes étaient ouvertes... ??? Qui croire ?

De toutes façons, cet espace est voué à l'évolution vers la friche touristique. Les pistes ouvertes ne seront pas pratiquées par les skieurs si il n'y a que 20 à 30 cm de neige.

On connaissait les friches industrielles, portuaires, urbaines ... et les vois devenues touristiques. Et Abondance ne sera pas la seule. De nombreuses stations de moyenne montagne vont devoir aller vers une requalification de leurs espaces skiables qui vont devenir des espaces "piétons".
Nous voilé en pleine problématique des Freemen. Il faut voir plus global. Avons-nous besoin de maintenir des activités dans ces zones? Les décision politiques à venir ne devront pas mettre de côté l'option d'abandon de ces espaces, de leur retour à la colonisation végétale contrôlée, et pourquoi pas paysagée.

Oui, l'évolution des paysages est maintenant inévitable. Le petit train de la Mer de Glace n'ira plus au glacier. La Seine continuera à remplir son chenal avec les résultats de son processus érosif. La mer changera le profil de nos côtes.

Non, la logique conservatoire de ce que l'homme à créé, à tout prix soit-disant pour son bien, n'est plus de mise. Certaines zones humides devront évoluer vers l'atterrissement. Le chêne disparaitra peu à peu de nos forêts normandes. Nous ne pourrons plus aller skier en-dessous de 2000 m.

Et là, il s'agit bien de décisions politiques à prendre. Pour ne pas maintenir à tout prix certaines vocations territoriales, l'adaptation à ces nouveaux espaces devra être un accompagnement de leur évolution, en aucun cas un forçage.

dimanche 10 février 2008

Le Paysage pour les débutants - 5

Autre dimension de l'étude des paysages : la mise en relation de l'histoire et de la géographie.
Cela a donné naissance à une nouvelle discipline qui présente de nombreuses variantes (et donc des noms différents), souvent liées à l'époque et au(x) paradigme(s) du chercheur.
On a parfois parlé de Géographie Historique, de morpho-histoire, et aujourd'hui d'archéogéographie.

Issue des réflexions de Gérard Chouquer et son équipe de recherche, cette discipline étudie l'impact de l'occupation humaine, dans l'espace et le temps, par une analyse de la morphologie de ces occupations, de leurs aménagements périphériques et de leurs relations avec les espaces "naturels".
L'espace caractérisé est ici proche de ce Augustin Berque nomme "Ecoumène".
Les techniques utilisées proviennes de la cartographie, de la photographie verticale, oblique ou satellite, de l'urbanisme, de la géographie humaine et sociale et de la dynamique.
L'étude passe par la construction de "compilations". C'est-à-dire qu'il faut construire un document regroupant toutes les traces observables, sans distinction d'origine et de forme. Cela peut faire apparaitre des facteurs d'organisation (morphogènes, éléments structurants, planification, organisation spontanée) qui peuvent présenter une cohérence historique, ou non.
Cette base graphique de l'archéogéographe sert à discriminer les ensembles qui montrent des cohérences, des signes de durabilité ou de résilience.
Ensuite viendra la mise en relation éventuelle avec des phénomènes historiques, géographiques, orographiques, hydrographiques, géologiques ou sociaux.

L'analyse des photographies aérienne montre de nombreuses traces fossiles. Elles peuvent prendre un sens lors de leur mise en relation avec les limites de parcellaires observées sur le cadastre du début du XIXe siècle (cadastre napoléonien) et avec l'observation des haies encore présentes sur le terrain (cf la série photo aérienne - dessin d'interprétation - réseau présent dans le secteur / travaux Gérard Chouquer).

Un traité sur la discipline archéogéographique est en cours de réalisation


Pour plus d'informations, aller faire un tour sur le site "officiel" de l'archéogéographie : www.archeogeographie.org

vendredi 1 février 2008

Avec ou sans clocher ?

L'église de Berville-en-Caux, dédiée à saint Wandrille, est menacée de destruction.

En fait, l'état de l'édifice est tel que l'exercice du culte (catholique - ici) y est interdit par arrêté de péril depuis 2001. Les voûtes s'affaissent, les parois se désolidarisent, les enduits tombent ainsi que les briques.
Eglise construite au XIXe siècle, elle fait partie d'une importante série d'édifices bâtis en remplacement d'autres trop vétustes ou en ruines lors de la grande campagne de construction de la seconde moitié du siècle. Construites à la "va-vite", quelques autres églises ont déjà été désertées voire détruites comme celle de Sainte-Marie-des-Champs.
Le maire, Serge Barré, pose la question. Un village peut-il vivre sans église ? Il organise un référendum dans la commune.

Dans le Pays de Caux, comme dans d'autres terres, le paysage est marqué par les clochers qui ponctuent la skyline rurale avec les pointes ponctuelles et caractéristiques de tel ou tel village.
Lorsque vous parcourez la campagne, les paysans ne manquent pas de se repérer dans l'espace de leurs propres terres avec les directions indiquées par le clocher de ce village ou celui de cette commune. Le clocher est un signal.

Il est aussi l'identité d'un village. Les habitants ont déserté depuis longtemps l'office dominical ; pourtant, ils ne pourraient pas se résigner à ne plus avoir "la place de l'église, la vue du clocher lorsqu'ils sont en plaine, leur terre organisée autour de cet insigne tourné vers le ciel".

Trois possibilités sont offertes à Berville.
1/ La destruction puis reconstruction d'une autre édifice religieux plus modeste et adapté au culte catholique.
2/ La restauration de l'édifice existant.
3/ Une destruction partielle conservant le clocher.

Cette dernière proposition me semble particulièrement intéressante. L'église en elle-même ne présente guère de cachet qui justifierait sa conservation mais le clocher est bien identifié comme celui de Berville-en-Caux. Avec ces 5 niveaux neo-romans, il constitue un véritable symbole. La façade mériterait une conservation partielle. Mais dans le paysage local, le signal est le plus important, ainsi que la cloche. En effet, le paysage sonore est ici clairement identifié. la cloche ponctue encore partiellement la vie locale, à tel point que le maire ne semble pas se résigner à la faire taire.

Dans quelques jours, la décision sera connue. Espérons que les habitants y garderont leur "identité".

Je vous invite à visionner le reportage de TF1 qui en parle et permet d'entendre l'avis du père Christophe Ansel, curé de la paroisse de Doudeville dont dépend Berville.